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Datation de jeux de cartes
Dès lors qu'un produit rapporte de l'argent, le fisc
s'y intéresse et va parfois jusqu'à taxer les fabricants pour remplir
les caisses de l'état. Si cette pratique n'a guère été profitable aux
cartiers durant les périodes où elle était en usage, elle s'avère
aujourd'hui très profitable aux collectionneurs et historiens
puisqu'elle permet d'estimer la datation de jeux de cartes
anciens. Sans entrer dans les détails de cette longue histoire, nous
présentons ici un bref aperçu des premières taxes en France, que nous
faisons suivre d'une présentation des principaux cachets que l'on
trouve aujourd'hui.
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Les premières taxes en France
C'est à la fin du xıve
siècle, sous Charles VI, que
les cartes apparaissent en France. Pendant près de deux siècles, les
cartes à jouer demeurent exemptes de tous droits, mais en 1583, le Roi
Henri III ordonne l’imposition des jeux sortant du royaume (loi du 21
janvier), puis que toutes les cartes soient imposées à l’intérieur (loi
du 22 mai). La taxe est alors d’un sou parisis sur chaque jeu
de cartes, et de deux sous par jeu de tarots. En 1605, Henri IV
renforça cette taxe de 15 deniers par jeu et de deux sous six deniers
par tarot. Afin de ne pas nuire au commerce vers
l'extérieur, seuls les jeux exportés n'étaient pas taxés. En
1748,
il est décidé
que les droits seraient perçus pour le compte du
Roi réunis à la régie générale de Jean Bocquillon. En 1751, les
cartiers sont contraints
d'utiliser un papier qui leur est fourni et seules soixante trois
villes sont autorisées à fabriquer des jeux de cartes. Cette histoire
traverse la Révolution française et se poursuit, pleine de
rebondissements jusqu'à la fin du xıxe
siècle.
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Un jeu de cartes
"récent",
datant du siècle dernier |
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Au tournant du xxe
siècle
En 1890, un décret stipule que l'as de trèfle doit
être frappé d'un cachet (coup de tampon) qui sera apposé sur tout jeu
de cartes destiné au marché intérieur, que ce jeu soit au portrait
français (pique, coeur, trèfle et carreaux) ou étrangers (coupe, bâton,
épée et denier, marqué sur le deux d'épée ou, dans le cas
des tarots, sur l'as de denier). Afin que cela soit facilement
contrôlable, la carte ainsi marquée est placée au dessus de la pile,
face visible et une fois emballé dans son enveloppe en papier, cette
dernière dispose d'une découpe qui permet, en la soulevant, de
consulter
le cachet. À partir de 1895, les jeux réservés au cercles et aux
casinos, portent le même cachet, mais de couleur rouge (décret
du 29 septembre 1895). Ces deux cachets, présents sur tous les jeux de
cartes destinés au
marché intérieur et, effectifs jusqu'à la fin de la Seconde guerre
mondiale, permettent donc d'estimer très facilement (mais très
grossièrement, puisque du 12 avril 1890 au 31 décembre 1945), la
datation de jeux de cartes. Par chance pour les historiens, cette large
période de
cinquante-cinq ans a connu quelques aménagements qui ont fait
l'objet d'autres cachets, nous permettant ainsi d'affiner nos
estimations.
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1890 à 1917 (puis de
1922 à
1940)
à partir de 1895
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1917
Une courte période
de quatre ans (3 février 1917 au 19 septembre 1920)
voit ses jeux de cartes frappés du cachet de la décision ministérielle
du 3 février 1917, qui sera en vigueur jusqu'au 19 septembre 1920.
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![]() 1917 à 1920
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1920
Une autre période
encore plus courte, d'à peine plus de deux ans (du 20
septembre 1920 au 24 octobre 1922) présente des jeux de cartes d'un
cachet similaire à la date près. il est effectif jusqu'au 24 octobre
1922.
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![]() 1920 à 1922
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1922
À la fin de cette année, on retrouve le cachet du 12
avril 1890. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on peut voir ce
cachet sur les premières éditions de l'Ancien Tarot de Marseille de
Paul Marteau, dont la toute première date de 1930.
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1922 à 1940 (mais aussi
de 1890 à 1917)
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1940
Durant l'occupation
française par allemands (de juin 1940 à la fin
1944), un dernier cachet est
utilisé sur les jeux de cartes. Ce cachet , effectif de juillet 1940 à
août 1944, y porte l'expression « République
française » remplacée par « État français »
et se trouve marqué en son centre par « Contributions
indirectes ».
À la fin de la Seconde guerre mondiale, le cachet n'est plus présent sur les jeux de cartes, qui sont toutefois toujours soumis à une taxe. Celle-ci sera supprimée le 1er janvier 1959. Elle est remplacée par la TVA, les jeux sont désormais libres d'impôt. |
![]() 1940-1945
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