Je recherche MON tarot !
C’est dans le cadre de son enquête auprès de plusieurs passionnés du tarot qu’un internaute m’a écrit pour me demander « Quel tarot choisir ? ». En effet, il n’est pas toujours évident de trouver chaussure à son pied car nous nous trouvons aujourd’hui face à plusieurs milliers de tarots disponibles (il n’y a qu’à consulter l’encyclopédie de Stuart R. Kaplan pour s’en rendre compte). La réponse que je propose ici ne prétend pas donner de solution toute prête, mais pourra aider certains à trouver leur voie dans le merveilleux univers du tarot. |
Quel tarot choisir ?
C’est une question très personnelle, qui relève en
général de la sensibilité de chacun, de son ressenti graphique,
historique et philosophique. Pour schématiser, on pourrait dire qu’un
tarot princier peint à la main
(Visconti ou Gringonneur) peut
connoter un sentiment de richesse, là ou un tarot populaire du xvııe
siècle (Noblet, Dodal ou Rolichon)
évoquera plus l’esprit d’un bohémien
dans sa
roulotte. Quant à un jeu ésotérique, il pourra nous ramener à
l’égyptomanie de la fin du xıxe siècle
(Papus,
Etteilla) et donc, à cette impression mystique de sagesse
lointaine qui entoure l'histoire qui remonte à l’antiquité.
Dans d’autre cas, ce n’est pas l’attrait graphique qui nous séduit, mais la philosophie qui accompagne un jeu. Certains illustrateurs de tarots sont également les auteurs d’ouvrages exposant leurs théories. La lecture d’un tel ouvrage peut nous amener à comprendre un aspect particulier et à vouloir ensuite se procurer un jeu que nous n’aurions pas forcément eu envie d’acquérir de prime abord pour ses images. Par exemple, Le tarot des Bohémiens (Papus, 1889), Le tarot des imagiers du Moyen Âge (Oswald Wirth, 1927), ou La voie du tarot (Alexandro Jodorowsky et Marianne Costa, 2004). |
Tarot de Visconti-Sforza
(1425c)
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Et vous, quel tarot avez-vous
choisi ?
Personnellement, j’ai d’abord eu en main le
tarot de Paul Marteau. Il
ne
s’agissait pas d’un choix délibéré, mais il se trouve que c’est le plus
répandu en France et c’est donc le premier que j’ai pu me procurer
facilement. Souhaitant l’utiliser, je me suis initié à partir de
plusieurs ouvrages. La plupart prennent justement pour exemple le tarot
de Paul
Marteau, mais d’autres proposent des jeux moins courant
ou même, leur propre création. J’en ai expérimenté quelques
uns tels le
tarot d’Oswald Wirth dans son édition de 1926 ou celui
de Jodorowsky-Camoin. Bien qu’ils soient très beaux, ils ne
figurent chez moi plus que comme objet de collection et
d’admiration. Je les trouve personnellement moins romantiques que les
anciens tarots populaires. Durant un certain temps, j’ai
continué d’utiliser le tarot de Paul Marteau jusqu’au jour où m’est
venu l’idée de remonter l’histoire et de retrouver sa source,
pour arriver au tarot
de Nicolas Conver. J’aurai pu remonter plus
loin vers les tarots de Jean Noblet, de Visconti ou aller jusqu’à leur
préhistoire (mamelouke ou cartes chinoises), mais me suis arrêté au
Conver. La raison est certainement liée au fait que le graphisme était
assez proche
du Marteau auquel j’étais déjà familiarisé. Mais il faut dire que
l’origine des tarots est très ancienne et que suivant
le critère que l’on se donne, le tarot « originel »
n’est pas toujours
le même.
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Tarot de Marseille de Paul
Marteau (1930)
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D’accord, il n'y a pas de
tarot originel mais, si l'on veut respecter la tradition ?
Tout dépend de quelle tradition l’on parle, celle des
cartiers ou celle des ésotéristes ? Les premiers cartiers
étaient des
entreprises qui assuraient leur
production à partir de machines demandant beaucoup plus de travail
humain qu’aujourd’hui. Il y avait la partie créative et la partie
production. Du côté des créatifs, le graveur avait la tâche de
réaliser les moules en bois qui assureraient le trait noir des
graphismes imprimés sur les cartes. Quant aux couleurs elles faisaient
l’objet de pochoirs découpés. Du côté des ouvriers, il y avait toute
une chaine de production dans un atelier : la
fabrication du
carton (qui avait un tout autre aspect que nos actuelles cartes
vernies), l’encrage par impression des bois sur le carton, la mise en
couleur au pochoir et la
découpe. Il ne restait plus qu’à « packager les jeux ». Vu
sous cet angle, si l’on souhaite respecter la tradition cartière, il
faudrait un jeu réalisé suivant ce procédé. Il s’agit donc de
jeux anciens (avant le début du xxe siècle)
que l’on peut se procurer
chez un antiquaire ou un brocanteur… avec beaucoup de patience. On peut
se tourner vers les
productions proposés ici, sur le site Tarot
Artisanal. Enfin, plus simple et moins cher :
on
peut s’offrir une reproduction (facsimilé) d’un jeu imprimé en
quadrichromie offset.
Si la tradition que l'on vise n'est pas celle des cartiers, mais des ésotéristes, on peut alors s'orienter vers le premier, Antoine Court de Gébelin qui, en 1781 consacra une section de son Monde Primitif au tarot. Depuis, il a été suivi par de nombreux penseurs, mystiques, rêveurs, philosophes, théoriciens, qui ont à la fois synthétisé l’analyse des arcanes et enrichi leur sens par leur apports personnels. On peut citer Etteilla, Papus, Arthur Edward Waite, Oswald Wirth ou Paul Marteau. Si l’on souhaite donc un tarot qui respecte la tradition ésotérique, il n’y a qu’à se tourner vers le tarot d’un de ces auteurs là… et se procurer l’ouvrage qui en décrit les symboles. |
Tarot de Jean Noblet (1650)
Tarot Rider-Waite-Smith
(1909)
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Quelle finalité donner au tarot ?
Là aussi, la réponse appartient à chacun.
Faut-il utiliser un tarot pour la divination, pour l’étude
psychologie, comme
outil de
dialogue ou pour le simple plaisir de le collectionner et d’admirer ses
images. Il semble que la
réponse est aussi simple que pour tout objet du quotidien : chacun
l’utilise en fonction de son besoin personnel. Le tarot
répond à tous les besoins imaginables. Ses possibilités sont infinies
et chacun peut l’utiliser comme il le souhaite, pour son plaisir et
celui de son entourage.
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Tarot d’Oswald Wirth (1889)
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Mais alors, quel tarot choisir ?
Pour vous aider (ou vous perdre dans les méandres du
tarot) je vous propose une liste chronologie des plus grands tarots. Je
m’excuse par avance auprès des passionnés d’un tarot particulier qui
seraient déçus de ne pas le trouver dans cette liste. On notera qu’à
partir de 1889, les auteur des tarots sont également auteurs d’ouvrages
expliquant comment les utiliser. La plupart des tarots ci-dessous
peuvent encore se procurer aujourd’hui sous forme de
facsimilés.
- Visconti-Sforza - Gringonneur - Mantegna (tarot de 50 cartes) - Minchiate florentin (tarot de 97 cartes) - Jean Noblet (c1650) - Jacques Vieville (1650) - Jean Dodal (1701) - Nicolas Bodet (milieu xvıııe siècle) - Nicolas Conver (1760) - Etteilla (plusieurs tarots) - Oswald Wirth (1889) - Papus (1911) - Rider - Waite - Smith (1910) - Oswald Wirth (1927) - Paul Marteau (1930) - Kris Hadar (1996) - Camoin - Jodorowsky (1997) |
Tarot de Louttre B (1976)
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