Contrecollage
Fabrication
de cartes à
l'ancienne
Durant quatre cents ans (du milieu du xve siècle à celui du xıxe), le procédé de fabrication des cartes à jouer n'a guère changé. On contrecollait trois papiers les uns aux autres : le papier au pot (sur lequel étaient imprimées les images), la main brune (ou étresse, qui renforçait les cartes et leur donnait de l'opacité) et le papier cartier (venant au dos des cartes). On obtenait ainsi une carte à la fois fine et suffisamment rigide pour offrir une bonne tenue en main. |
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Les
cartes produites pour les tarots restitués
et les facsimilés
sont réalisées suivant la même méthode, à partir
de matériaux choisis avec un soin
particulier. La
main brune (carton léger de 100 g/m² jouant le rôle de l'âme de la
carte), est pris en sandwich par contrecollage. D'un côté vient le
papier au pot (pour la face des cartes) et de l'autre, le papier
cartier (dos des cartes) d'environ
80 g/m²
chacun. La colle, fabriquée selon
une recette maison, est enduite au pinceau dans un geste rapide car
celle-ci, appliquée en une fine couche, sèche rapidement. L'assemblage
des
trois feuilles élève l'ensemble à une densité d'environ 260
g/m². Pour la fabrication de cartes plus grandes, comme celle
du tarot d'Oswald
Wirth, et afin d'obtenir une
rigidité adapté à ce format, la main brune est remplacée par un carton
plus fort, élevant la carte finale à une densité 450 g/m2.
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Préparation de la colle.
Encollage d'une planche au
pinceau.
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Les
planches sont ensuite mises sous presse durant plusieurs jours, durée
variant selon l'humidité ambiante. Cette
phase de séchage tend fortement la surface de la face
qui courbe la feuille. Ce phénomène est équilibré grâce au
dos qui subit le
même effet et joue un rôle compensatoire. La carte qui en
résulte est rigide et produit un son chaud et sec
lorsqu'on la fait vibrer, offrant une nervosité idéale. Les
planches sont ensuite coupées au format des cartes qui, comme les
anciens jeux, présentent de subtiles irrégularités : images à
peine
décentrées et subtiles variations de taille.
À ces particularités de l'artisanat viennent se joindre les effets de bombage ou de gondolement, qui même s'ils sont moins marqués que dans la plupart des jeux anciens (voir ci-contre) se produisent également. Pour entretenir son tarot, on peut atténuer ces effets en le plaçant de temps à autres, entre deux plans bien serrés, comme le faisaient les gérants de bistrot d'antan avec leur presse à jeu de cartes spécialisement dédiées à cet usage. La finition des cartes consiste au lissage manuel des quatre côtés, afin qu'elles glissent parfaitement en main lors de leur utilisation et si besoin, à l'arrondissage des coins. Arrivé à ce stade, le tarot est prêt pour sa mise en boite (facsimilé et restitutions) ou pour sa mise en couleur au pinceau (cartes à offrir). |
Un jeu de 22 arcanes
artisanaux. Les cartes gondolent à peine et peuvent présenter de
légères variations de bombage.
Un tarot
de Nicolas Conver de la fin du xıxe
siècle : les cartes sont
bombées et ne gondolent pas toutes
de la même manière.
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