Restitution du tarot de Wirth
Il y a cinq ans, j'ai rencontré une collectionneuse avec qui nous avons correspondu sur divers sujets autours des tarots. Lorsque j'appris que ma nouvelle amie disposait d'un exemplaire original du premier tarot d'Oswald Wirth de 1889, je fus tout de suite enthousiasmé à l'idée d'en réaliser une restitution.
Édition originale du tarot de Oswald Wirth 1889
L'édition originale de 1889.

Études préliminaires
Mon amie pensait également qu'il serait intéressant de pouvoir redonner vie à un tel jeu et elle me fournit des images de son exemplaire en très haute définition. Je fis des recherches de différents supports (teintes de papiers, épaisseurs de cartons) ainsi que des essais de couleurs au pinceau. J'envoyai le résultat de mes recherches à mon amie qui put m'orienter dans cette démarche, confirmant la qualité de mes essais, et critiquant les points qui pouvaient être améliorés. Cela nous mena au final à une carte prototype assez satisfaisante pour envisager d'aller plus loin.


Vers une meilleure source
Pour une qualité de restitution optimale, il me fallait disposer d'images permettant de séparer le trait noir des autres couleurs afin de contrôler les teintes, méthode déjà éprouvée pour mes précédentes restitutions : Dans le cas du tarot de Nicolas Conver, j'avais entièrement dessiné les images, dans celui de Nicolas Rolichon, le document dont j'étais parti était déjà au trait. Mais avec les images du tarot d'Oswald Wirth provenant de mon amie, il me fallait séparer moi-même les couleurs du trait. J'avais également envisagé de partir d'images au trait (et sans colorisation), telles qu'on peut en trouver dans la première édition du Tarot des Bohémiens de Papus ou dans ses traductions anglaises. Mais à cause des rééditions successives de ces livres, le trait est trop grossier. Je me suis alors procuré la première édition de 1889 de l'ouvrage de Papus, les dessins présentaient malheureusement de légères différences avec l'original de mon amie (traits manquants et légères bavures). Je me résolus donc à utiliser les arcanes originaux en haute qualité et à en retirer les couleurs moi-même.

Oswald wirth - Tarot 1889 - d'après le première édition de Papus en comparaison
À gauche, l'image tirée de l'ouvrage de Papus, certains traits manquent et d'autres bavent. À droite celle obtenue à partir des cartes originales.

Tarot Oswald wirth 1889 - scan haute définition
Image en haute qualité, à laquelle seront ultérieurement retirées les couleurs (voir ci-dessus à droite)
Reconstituer le trait
Si j'avais cherché d'autres sources d'images exemptes de couleurs, c'est que je savais que l'opération de séparation du trait puis de nettoyage serait particulièrement longue. En effet, pour conserver la nature même du trait original, réalisé par la main de Oswald Wirth à la plume, il me fallait pour cela passer par quatre opérations :

1) Redresser les images et les recadrer afin qu'elles tiennent toutes dans un rectangle d'absolues mêmes dimensions, afin de garantir une parfaite homogénéité de l'ensemble des vingt-deux arcanes ;

2) Retirer les couleurs (jusqu'à quinze sur certaines cartes) afin de ne révéler que les traits noirs ;

3) Supprimer les traces de couleurs restantes en grossisant l'image suffisamment pour un résultat absolument irréprochable ;

4) Ajouter quelques traits noirs là où il semblait que des effacements, indépendants de la volonté de l'auteur, s'étaient produits.

Ce travail de longue haleine se trouva réparti durant quatre années, qui me permirent d'obtenir le dessin final des vingt-deux arcanes.


Oswald wirth - Tarot 1889 - restitution du trait
Phases 2 à 4 : afin de supprimer les tâches et d'ajouter des manques dus aux défauts d'impression, des centaines de retouches unitaires ont été appliquées (ci-dessus mises en évidence en rouge) 

Oswald wirth - Tarot 1889 - restitution du trait
Résultat final : un trait propre, dans lequel on retrouve les subtilités des pleins et déliés de la plume d'Oswald Wirth.

La mise en couleurs
Bien que cette technique soit en train de devenir obsolète à son époque, Oswald Wirth avait pris le parti de mettre son tarot en couleur au pochoir. En effet, depuis le milieu du xıxe siècle, on imprimait déjà des jeux de cartes en chromolithographie. Il n'est pas impossible qu'Oswald Wirth ait fait le choix du pochoir pour faire référence aux tarots populaires que l'on trouve dès le xvııe siècle. Il est aussi envisageable que ce soit pour conserver un meilleur contrôle de la qualité des couleurs, et peut-être aussi pour des raisons économiques : en mettant ses tarots en couleurs lui-même au fur et à mesure des commandes. Pour respecter cette volonté, j'ai réalisé les textures de pochoirs suivant les mêmes techniques que celles mises en œuvre pour mes précédentes réalisations artisanales. Quant à la teinte originellement dorée appliquée sur certains éléments, elle a été remplacée par une couleur qui évoque l'or : l'ocre jaune.

Oswald wirth - Tarot 1889 - restitution du trait
Mise en couleur avec effets de pochoir. Le doré (ici dans la couronne) est remplacé par de l'ocre-jaune.. Le fond ivoire est teinté dans la masse du papier

Le livret d'accompagnement
Le tarot étant prêt, il me fallait enfin envisager la rédaction du livret d'accompagnement. Je me replongeais dans mes ouvrages d'Oswald Wirth pour en extraire l'essentiel. Le Tarot des imagiers du Moyen-âge fut le principal livre consulté, mais d'autres, tels Stanislas de Guaita, souvenirs de son secrétaire, les deux biographies de 1975 qui lui sont consacrées, ainsi que d'autres ouvrages taromantiques (Éliphas Lévi), et historiques (Thierry Depaulis) m'ont permis d'extraire un récit de ce tarot occultiste. Par ailleurs, afin de proposer aux étudiants en taromancie de se mettre le pied à l'étrier en matière de kabbale, j'ai également synthétisé en huit pages l'essentiel de l'alphabet hébreu et de l'Arbre de Vie.

Édition originale du tarot des imagiers du Moyen-age (1927)
L'ouvrage de référence  par Oswald Wirth.





Édition
Durant tout ce processus de création, s'est posé un certain nombre de questions concernant le format, le motif du dos de cartes et le grammage. Il me semblait évident que pour l'édition artisanale, le format devait être identique à l'original afin de restituer un facsimilé le plus fidèle possible : cartes de grandes dimensions (80 mm × 140 mm), à dos en papier vert clair sans motif et à coins arrondis. Ce format requerrant une plus grande surface de papier et donc de travail de contrecollage, le prix final s'en est sensiblement ressenti. C'est pourquoi, j'ai aussi envisagé de réaliser une variante de format standard (60 mm × 120 mm), à petites marges de 2 mm (permettant aux images d'être aussi fortes que sur la grande édition), à dos ivoire et motif bleu, et à coins carrés. Ces deux éditions espèrent ainsi répondre à l'attente des passionnés, collectionneurs, historiens et tarologues.

Oswald wirth - Tarot 1889 - éditions format normal et grand
Deux éditions artisanales sont disponibles : format standard et format grand (identique à l'édition originale).




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